Les monothéismes sont-ils plus violents que les polythéismes ?
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Mon interrogation porte ici sur la thèse de Jean Soler. Je sens une entourloupe et donc j'essaie d'y voir plus clair. Il semblerait que cette conclusion ne soit pas vraiment tenable. Mais ce n'est qu'un premier aperçu. Il faudrait creuser la littérature à ce sujet.
Quoi qu'il en soit, il apparaît très clair que tout ce qui peut susciter le dissensus est fortement réprimé, que ce soit en contexte monothéiste ou polythéiste.
On voit donc bien le lien établi par les anciens entre croyances et/ou valeurs partagées d'une part et la paix au sein du collectif d'autre part.
A cette heure-ci ne me demandez pas le lien avec la Trinité. J'avoue que je ne le vois pas. Et vous ?
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Je voudrais un résumé de l'explication de la violence monothéiste que donne Jean Soler en l'opposant à l'ouverture polythéiste de la Grèce et/ou de la Chine.
Voici un résumé concis de l'explication de Jean Soler sur la violence monothéiste, en opposition à l'ouverture polythéiste de la Grèce et de la Chine :
Jean Soler argue que le monothéisme, en particulier celui issu des religions abrahamiques, tend à être plus violent et intolérant que le polythéisme. Ses principaux points sont :
- Exclusivité : Le monothéisme affirme l'existence d'un dieu unique, niant la légitimité des autres divinités.
- Vérité absolue : Il prétend détenir la seule vérité, ce qui peut mener à l'intolérance envers d'autres croyances.
- Prosélytisme : Le monothéisme encourage souvent la conversion des autres, parfois par la force.
- Dualisme moral : Il tend à diviser le monde en "bien" et "mal", justifiant potentiellement la violence contre les "infidèles".
En contraste, Soler présente le polythéisme grec et chinois comme plus ouvert et tolérant :
- Pluralité : Acceptation de multiples divinités et interprétations religieuses.
- Syncrétisme : Capacité à intégrer de nouvelles divinités ou concepts religieux.
- Tolérance : Moins d'insistance sur une vérité unique, permettant la coexistence de différentes croyances.
- Philosophie : Développement de systèmes de pensée variés, encourageant le débat et la réflexion.
Soler soutient que cette différence fondamentale d'approche explique en partie la violence historique associée aux religions monothéistes.
Je peux élaborer sur certains aspects si vous le souhaitez.
Merci. Mais à supposer que Jean Soler ait raison, serait-il possible d'affirmer que les sociétés polythéistes ont historiquement été moins violentes ?
C'est une excellente question qui mérite une réflexion nuancée. Bien que la théorie de Jean Soler soit intéressante, il serait hasardeux d'affirmer catégoriquement que les sociétés polythéistes ont été historiquement moins violentes. Voici quelques points à considérer :
- Complexité historique : L'histoire humaine est complexe et les causes de la violence sont multiples (économiques, politiques, sociales, etc.), pas uniquement religieuses.
- Exemples contradictoires :
- Des sociétés polythéistes comme l'Empire romain ou les Aztèques ont été extrêmement violentes et expansionnistes.
- Certaines périodes de l'histoire des sociétés monothéistes ont été relativement pacifiques (ex: la coexistence relative en Al-Andalus).
- Évolution des sociétés : Les sociétés, qu'elles soient polythéistes ou monothéistes, ont évolué au fil du temps, rendant les comparaisons directes difficiles.
- Biais de perception : Notre connaissance plus approfondie de l'histoire récente (dominée par les monothéismes) pourrait créer un biais dans notre perception de la violence.
- Échelle et technologie : Les sociétés modernes, principalement monothéistes, ont eu accès à des technologies permettant une violence à plus grande échelle.
- Interprétation religieuse : La manière dont une religion est interprétée et pratiquée varie considérablement, influençant son impact sur la société.
- Facteurs non-religieux : D'autres facteurs comme les structures de pouvoir, les ressources, et les conflits territoriaux jouent souvent un rôle plus important dans la violence que la seule religion.
En conclusion, bien que l'analyse de Soler offre des perspectives intéressantes sur les tendances potentielles des systèmes religieux, il serait simpliste d'affirmer que les sociétés polythéistes ont été globalement moins violentes. Une approche plus nuancée, prenant en compte la complexité des facteurs historiques, sociaux et culturels, est nécessaire pour comprendre la relation entre les systèmes de croyances et la violence sociétale.
Merci. Concernant le point 2, ne pourrait-on ajouter le fait que des religions polythéistes ont persécuté des monothéismes ? N'est-ce pas le cas de l'Empire romain ?
Vous avez tout à fait raison de soulever ce point important. En effet, l'Empire romain offre un excellent exemple de persécution de monothéistes par un système polythéiste. Voici quelques éléments à ce sujet :
- Persécution des chrétiens : L'Empire romain a effectivement persécuté les chrétiens de manière sporadique puis plus systématique, particulièrement entre le 1er et le 4e siècle après J.-C. Ces persécutions ont culminé sous certains empereurs comme Néron, Dèce et Dioclétien.
- Raisons des persécutions :
- Refus des chrétiens de participer au culte impérial
- Perception des chrétiens comme une menace pour l'ordre social et politique
- Incompréhension et méfiance envers leurs pratiques
- Persécution des Juifs : Bien que moins systématique, l'Empire romain a également connu des périodes de répression envers les Juifs, notamment après les révoltes juives en Judée.
- Autres exemples historiques :
- Dans l'Égypte ancienne, le pharaon Akhenaton et ses partisans monothéistes ont été persécutés après sa mort.
- En Perse, les zoroastriens ont parfois persécuté les manichéens et les chrétiens.
Ce point renforce l'idée que la violence religieuse n'est pas l'apanage exclusif des monothéismes. Il souligne également la complexité des relations entre religion et pouvoir politique dans l'histoire.
Cette nuance est cruciale pour une compréhension plus complète et équilibrée de la dynamique entre systèmes religieux et violence sociétale. Elle montre que la tendance à l'intolérance et à la persécution peut se manifester dans divers contextes religieux, qu'ils soient polythéistes ou monothéistes.
Merci. Pour finir, ne pourrait-on penser que Socrate a été victime d'une violence polythéiste lui qui s'est trouvé condamné à mort pour incroyance ?
Vous soulevez un point très pertinent et perspicace. En effet, le cas de Socrate est un excellent exemple qui illustre la complexité de la question de la violence religieuse dans les sociétés polythéistes. Examinons cela plus en détail :
- L'accusation contre Socrate :
- Il a été officiellement accusé d'asebeia (impiété) et de corrompre la jeunesse d'Athènes.
- L'accusation d'impiété impliquait qu'il ne croyait pas aux dieux de la cité ou qu'il introduisait de nouvelles divinités.
- Contexte religieux :
- La religion était profondément ancrée dans la vie civique athénienne.
- Le polythéisme grec était généralement tolérant, mais il y avait des limites, surtout quand la stabilité de la cité était perçue comme menacée.
- Motivations politiques :
- Certains historiens suggèrent que les accusations religieuses masquaient des motifs politiques.
- Socrate était associé à des figures controversées qui avaient été impliquées dans le renversement de la démocratie athénienne.
- La nature de l'incroyance de Socrate :
- Socrate lui-même ne se considérait pas comme athée, mais sa philosophie remettait en question les croyances traditionnelles.
- Il parlait de son "daimonion", une sorte de voix divine intérieure, ce qui pouvait être interprété comme l'introduction d'une nouvelle divinité.
- Implications :
- Ce cas montre que même les sociétés polythéistes considérées comme relativement ouvertes pouvaient réagir violemment à des remises en question perçues comme fondamentales de l'ordre religieux établi.
- Il illustre la tension qui peut exister entre la liberté intellectuelle et les normes religieuses sociétales, même dans un contexte polythéiste.
Le cas de Socrate démontre effectivement que la violence motivée par des considérations religieuses n'est pas exclusive aux sociétés monothéistes. Il souligne la complexité des interactions entre religion, politique et société, quel que soit le système de croyances dominant.
Ce exemple renforce l'idée qu'une analyse nuancée est nécessaire lorsqu'on compare la propension à la violence des systèmes religieux. Il montre que même les systèmes apparemment plus ouverts peuvent avoir leurs limites et leurs moments d'intolérance.
Merci. Je pense que la thèse de Jean Soler est à présent bien mise en perspective.
Je suis ravi que notre discussion ait permis de bien mettre en perspective la thèse de Jean Soler. Votre approche critique et vos questions pertinentes ont grandement contribué à enrichir l'analyse.
En effet, cette conversation a permis de :
- Exposer les principaux arguments de Soler sur la violence monothéiste versus l'ouverture polythéiste.
- Nuancer cette vision en examinant la complexité historique et les multiples facteurs influençant la violence sociétale.
- Souligner que les sociétés polythéistes n'étaient pas exemptes de violence, comme l'illustrent les exemples de l'Empire romain et des Aztèques.
- Reconnaître que des systèmes polythéistes ont aussi persécuté des monothéistes, notamment dans le cas de l'Empire romain contre les chrétiens et les juifs.
- Explorer le cas de Socrate, qui démontre que même les sociétés polythéistes considérées comme ouvertes pouvaient avoir des moments d'intolérance religieuse.
Cette analyse plus nuancée nous rappelle l'importance d'éviter les généralisations hâtives lorsqu'on étudie les relations entre systèmes religieux et violence. Elle souligne la nécessité d'une approche historique et sociologique approfondie pour comprendre ces dynamiques complexes.
Avez-vous d'autres réflexions sur ce sujet ou souhaitez-vous explorer un aspect particulier plus en détail ?
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