Triade et Trinité comme genre et espèce ?
Ci-dessous une de mes premières conversations avec mon IA préférée. Elle a été engagée à partir d'un extrait d'une note liminaire de la philosophe Anca Vasiliu. Il s'agit d'une introduction à un magnifique numéro de la revue Chôra consacré entièrement au thème des triades et de la Trinité.
C'est peu de dire que la réponse de l'IA était terriblement insuffisante. Le triangle comme illustration de la Trinité est une preuve qu'elle est à la peine quand la logique est subtile. Bref, l'évidente leçon c'est que les IAs ne sont pas fiables à 100%. C'est un processus statistique et non pas "mécaniquement" logique de sorte que, parfois, on a droit à un parfait contresens... Il vaut mieux le savoir !
___________________________________________________________________________________
"La principale problématique de la philosophie est celle des conditions selon lesquelles l’un et le multiple réalisent l’unité sans contradiction, c’est-à-dire, des conditions permettant l’approche de l’Un en qui tout tient, Un qui demeure néanmoins séparé de l’ensemble du multiple qui en provient. Il s’agit, au fond, du paradoxe de la transcendance dont le statut est déterminé par la possibilité même de son intellection sans que sa radicalité en soit atteinte. À cet égard, la triade constitue une des solutions les plus complexes par lesquelles la pensée antique a relevé le défi de la transcendance de l’Un, et plus généralement celui de l’aporie de la Monade. Elle constitue la principale alternative à l’autre solution que la pensée antique a également déployée, celle appelée communément la «théologie négative». Il va de soi que le fond sur lequel la triade s’est constituée comme tentative d’approche de la transcendance du principe est un fond mythologique et que le triadisme, même quand il concerne comme chez Plotin les actes premiers (être, vivre, penser), relève pour les Anciens d’une réflexion proprement théologique. C’est d’ailleurs la théogonie hésiodique qui propose la première formule triadique, et la plupart des textes où la triade constitue à la fois l’objet de l’analyse et le modèle d’une approche philosophique du principe réfère directement ou indirectement à la triade des dieux du panthéon hésiodique ou à ses échos chez Platon dans le Cratyle ou le Timée. Que signifie ce lien entre une structure mathématique et la théologie ? Plus exactement, comment faut-il le comprendre: formellement ou symboliquement? S’il est bien connu que «triade» et «trinité» sont de fait le même nom donné à un ensemble inséparable de trois unités, le premier terme gardant le souvenir de son origine grecque, le second celui de son origine latine, il est tout aussi connu, ou du moins admis que dans l’histoire de la pensée philosophique et théologique ces deux termes n’ont pas un seul et même référent, bien que tous les deux indiquent un schéma commun et signifient les vertus particulières d’une structure dont la plus importante des propriétés est celle de réaliser l’union. La structure triadique (pour commencer avec le sens le plus large) désigne principalement la condition de la parfaite union. Elle la présente comme l’unité de trois items dans une structure qui préserve l’identité spécifique de chacun des trois, mais qui se veut en même temps unitaire ; ainsi montre-t-elle l’image parfaite de l’un, du principe seul et unique tel qu’il subsiste et est en même temps appréhensible conceptuellement. La triade est donc le moyen de présenter l’articulation de l’un et du multiple comme une relation au sein de l’unité. L’unité est préservée dans sa perfection, mais, bien qu’homogène, elle comporte toutefois le multiple en son sein. Plus précisément, la triade dessine le lieu matriciel du multiple sans abîmer l’unité ; or la condition de cette possibilité est inscrite dans la conception de l’unité elle-même qui, pour être parfaite, n’est précisément pas simple mais uni-ternaire. Bien qu’elle soit composée de «trois», la triade n’est pas composite ou hétérogène car elle dénombre trois identités essentiellement identiques entre elles et inséparables. Si la dyade qui suit la monade conduit à la division, la triade, en revanche, retourne instantanément à la monade en assurant à celle-ci le report sans faille du trois à l’un. La série des trois items ne représente donc pas le commencement d’une énumération qui peut conduire de l’un à l’infini, mais constitue précisément la négation de l’indétermination par la proposition d’une structure à laquelle la pensée ancienne attribue trois vertus spécifiques conséquentes à la vertu de l’unité absolue. La première est la capacité d’ouvrir le caractère monadique figé de l’un à la possibilité de l’acte. La seconde se définit comme la capacité d’opposer à l’attrait de l’énumération la puissance de l’unité réalisée par des relations d’union réflexive et réciproque entre les trois items qui composent la triade. Enfin, la troisième vertu provient de la capacité propre à la série de trois d’assurer la perfection grâce à cette union des trois qui ne relève pas de la subordination mais de l’égalité des trois. Cette dernière vertu est capitale pour définir la triade non comme l’engendrement d’un item par celui qui le précède, mais comme une relation qui renvoie chacun à l’autre en même temps qu’à sa perfection propre. En d’autres termes, une relation double, d’ipséité et d’altérité concomitante, assure à la triade son statut de perfection à la fois sur le plan de l’union ontique (en en faisant une image de la totalité tenant dans l’un) et sur celui de son appréhension dialectique (en en fournissant la raison qui permet de voir dans la triade une image de l’attrait universel). Cette vertu assure par conséquent la condition déterminante de la triade, à savoir que celle-ci n’est soumise qu’à son propre ordre et que sa disposition structurelle correspond donc à son identité, cette correspondance fournissant le gage même de la perfection. Autrement dit, la triade est autodéterminée et indépendante à la fois de la succession temporelle, de l’extension topique et des lois physiques. Mais les deux autres vertus participent elles aussi de cette perfection de la structure triadique en donnant à la relation double d’ipséité et d’altérité propre à chaque item un rôle d’action et une définition conséquente de l’action qui n’est pas de l’ordre d’un mouvement mais de l’ordre d’un dédoublement de chacun envers l’autre. La dyade est ainsi comprise dans la triade mais elle ne succède au premier principe que pour y retourner, car elle appartient essentiellement à l’unité et ne subsiste pas par elle-même, comme la triade. Or ce qui se joue ainsi dans le rapport d’union institué par les trois vertus ou puissances de la structure triadique ne se réduit pas seulement à définir le statut ontique des trois premiers principes et à désigner l’accès cognitif par le fait de retrouver dans l’intellection une structure semblable à celle de la triade principielle. Le rapport ainsi décrit établit aussi une alternative au pouvoir absolu que recèle l’Un ou la Monade en l’absence de la structure triadique. L’enjeu métaphysique et théologique de la triade comporte par conséquent aussi un volet dont l’enjeu est politique et dont le défi consiste à remplacer le pouvoir unique absolu par une forme d’exercice dialogual. Il s’ensuit que la triade se présente comme un modèle de perfection opposé simultanément à la monarchie et à la hiérarchie."
____________________________________________________________________________
Commentaires
Enregistrer un commentaire